The lost daughter : maternité contre-nature ?

© Netflix

Leda, 48 ans, passe quelques jours seule sur une île grecque. Elle y rencontre Nina, jeune mère un peu au bout du roul’ qui lui rappelle beaucoup celle qu’elle était à son âge, à l’époque où sa soif de liberté se heurtait à deux petites filles bien mignonnes, mais encombrantes et assez peu compatibles avec une carrière universitaire. Leda n’est ni gentille, ni douce, ni toujours polie. Surtout, elle incarne la face sombre de la maternité, celle que nous contemplons avec une fascination mêlée de peur : et si j’étais elle ?

Dans The Lost Daughter, sur Netflix, la réalisatrice Maggie Gyllenhaal nous offre le portrait sublime d’une femme, d’une mère (Olivia Colman, stupéfiante) « contre-nature », du moins, est-ce ainsi que la décrivent la plupart des articles consacrés au film. De mon point de vue, la maternité incarnée par Leda est plus « contre-culture » que « contre-nature », au sens où les mères qui abandonnent leurs enfants, pour un temps ou pour toujours, les mères qui ne les aiment pas comme il faut ou autant qu’il le faudrait, les mères qui ne savent pas se sacrifier, ces mères-là sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit mais jamais montrées à l’écran.  C’est pourquoi ce film est bouleversant, mais aussi profondément cathartique pour toute mère ayant déjà caressé l’idée de partir seule sur une île déserte.

🍿 The Lost Daughter, Maggie Gyllenhaal (Netflix, 2021)